Dès le début des hostilités, et tout au long de la guerre, l'Ardèche accueille des civils évacués des zones de conflits (Lorraine et Alsace essentiellement), des prisonniers de guerre ennemis et des militaires blessés ou convalescents. Dans le même temps, la solidarité envers les soldats et les populations s'organise.
L'accueil des populations
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La Première Guerre mondiale provoque des mouvements de population jamais vus jusqu’alors. En 1915, 890 000 réfugiés français ou étrangers sont secourus par l’État, 7 500 résideront en Ardèche. Cet accueil fluctuera tout au long de la guerre, entre retours vers leurs foyers après la stabilisation du front et nouveaux afflux lors des grandes offensives allemandes du printemps 1918. Les maires sollicités pour accueillir les réfugiés opposent, parfois avec raison, des arguments pour refuser leur accueil ou en minorer le nombre. D’autres montrent plus d’empressement tel le maire de Saint-Jean-Roure prêt à loger 81 réfugiés au lieu des 78 prévus.Tout au long de leur séjour en Ardèche, ces populations seront surveillées (contraintes pour certaines à une résidence forcée) ou même internées. Les Alsaciens-Lorrains constituent parmi ces réfugiés une catégorie à part. Ils sont regroupés dans des cantonnements. Ce sont les plus nombreux et l’Ardèche sera leur première terre d’accueil. Avec le temps, les craintes feront place à la compassion, à la compréhension et à la solidarité. Certains réfugiés s’installeront en Ardèche, s’intégrant par le travail ou par le mariage. |
Lettre du maire de Saint-Jean-Roure au Préfet, 8 septembre 1914 (ADA, 4 M 335). |
Tableau de situation des effectifs des prisonniers de guerre au 1er janvier 1918 (ADA, 9 R 6). |
Dès le début des hostilités l’Ardèche accueille des prisonniers de guerre ; un détachement d’officiers allemands, prisonniers sur parole, arrive à Privas dès septembre 1914. Il s’agit d’un accueil contraint. Les autorités civiles et la population locale expriment fortement leurs réticences et leurs craintes car plusieurs centaines de réfugiés volontaires alsaciens sont hospitalisés en ville. Des centaines de prisonniers allemands mais aussi des Polonais et des Bulgares sont répartis sur l’ensemble du territoire. Regroupés en équipe de travail, ces prisonniers sont utilisés comme main-d’œuvre de substitution pour pallier au manque de bras lié à la mobilisation massive. |
Les hôpitaux militaires
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Groupe de blessés, médecins et infirmières, hôpital 119 bis de Tournon (ADA, fonds Deschanel, 59 Fi). |
Eloignée des zones de combat, l’Ardèche accueille des soldats blessés et malades, précédemment traités dans les formations sanitaires de la zone des armées et évacués le plus rapidement possible par convois ferroviaires. Mieux desservies par le chemin de fer, les villes les plus importantes du département ouvrent, dès les premiers mois du conflit, de nombreuses structures d’accueil (voir la carte ici). Les communes moins bien desservies installent des structures annexes, soulageant les plus importantes et permettant une rotation rapide des séjours, rotation devenue indispensable face à l’urgence de la situation et à l’afflux massif des blessés. |
L’hôpital Sainte-Marie de Privas Entre 1914 et 1918, des milliers de soldats confrontés à la violence et à l’horreur des combats ont été affectés par des troubles psychiques et comportementaux les conduisant à l’internement dans des structures spécialisées. Ces « blessures invisibles » se caractérisent par des symptômes multiples : mutisme, apathie, amnésie, état mélancolique, atténuation des sensations, dépression, hallucinations, psychoses, délires, tremblements, paralysie progressive d’un membre ou paralysie totale… Certains soldats s’en trouveront affectés jusqu’à la fin de leur vie. |
Certificat médical de Sainte-Marie, 1914-1918 (ADA, 2246 W 465). |
Les oeuvres de guerre |
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Journée du 75, 1915 (ADA, 10 R 17). | Les circonstances exceptionnelles de la guerre ont immédiatement suscité un élan de solidarité de la part de la population civile. Soutenir, réconforter, aider du mieux possible, malgré la distance, sont les objectifs fondamentaux des œuvres de guerre nées au cours de ces quatre années de conflit. Parallèlement aux œuvres nationales et locales - plus d’une quarantaine en Ardèche - des journées nationales sont organisées pour soutenir les Poilus. La journée du 75, organisée le 7 février 1915, est l’une de celles qui remporta le plus de succès. |
Les conséquences dramatiques de la guerre pour les civils et notamment les enfants incitent le gouvernement à prendre des mesures d’assistance envers ces orphelins, en reconnaissance de la dette acquittée par leurs pères. Le 27 juillet 1917, une loi d’adoption par la Nation instaure la qualité de pupille aux enfants victimes de la guerre. Elle se veut un système de protection supplémentaire et particulière, en complément de celle exercée par leurs familles. |
Extrait de décision du tribunal civil de Privas, 30 novembre 1919 |
A tous les Français, à toutes les Françaises de nos campagnes, 1917 (ADA, J 458). |
La Première Guerre mondiale est une guerre totale. Pendant quatre ans, elle requiert une véritable mobilisation économique et financière. Toute la société est engagée dans cet effort de guerre, l’arrière comme l’avant, les femmes et les enfants autant que les hommes. |
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