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Archives départementales de la Côte-d'Or

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Document 3 - Interrogatoire sur l'agression de vignerons

B II 42-011557, 21 juin. – Dijon, auditoire des prisons municipales.

Répétition d’interrogatoire de Pierre Changenet, substitut de son père, Jean, procureur au parlement, au bailliage et à la chancellerie de Dijon, accusé d’avoir participé, à Epoisse, le 15 juin précédent, à l’agression d’un groupe de vignerons, en marge d’une procession nocturne des Dijonnais à la Belle-Croix de ce lieu.

Archives départementales de la Côte-d'Or, B II 42

Ce jourd’huy, XXIe juing l’an mil cinq cens LVII, en l’auditoire des prisons, par nous, Guillaume Boudier, licencié es droictz, et H. Pourcellet, cler au greffe, avons faiz venir Pierre Changenet, duquel le serement de luy prins aux sainctz euvangilles de Dieu et enquis de dire verité, a esté par nous procedé aux repetitions d’icelluy comme s’ensuyt.

— Enquis s’il est souvenant de ses premieres responces ?
Dict que ouy.
— S’il est souvenant quel jour il allast a Espoisse1 ?
    Dict qu’il y a environ huict jours. Toutesfoys, du jour il est souvenant.
— Qu’il y estoit aller faire ?
    Dict qu’il y estoit aller en devotion avec la procession.
— Qui alla avec luy ?
    Dict que c’estoit le filz Monsieur Baissey, le filz de Bertrand, ung nommé Ramelet et les deux filz de Voyvault2, avec ung aultre, [...]

 

B II 42-02[...] nommé Damelot, pourtant chausses blanches, le nom duquel il ne scet, son petit frere et luy respondant.
— S’ilz n’avoyent pas tous espee, batons invasifz et armes ?
    Dict qu’ilz avoyent tous espees, fors luy et sondit frere ; toutesfois qu’il avoyt sa dague.
— Enquis s’il allast a ladite procession avec les aultres habitans de ladite ville ?
    Dict que non, mais, estant entre la Porte Neufve et la Porte Saint[-Pierre] attendant ladite procession, sur les huict heures ilz apperceurent qu’on fermoit les portes, que fut cause qu’ilz marcherent devant, non pas toutesfoys fort loing de la procession qui venoit après eulx.
— Enquis si ceulx qui marchoient a la procession soubz l’enseigne et la Croix ?
    Dict que n’en vit point pourter a ceulx qu’estoient proche la crois, bien dict-il qu’il en vid pourter a ceulx qui pourtoit des vyandes, mesmement au paticier de Jehan (?) de Langres.
— Pour ce luy avons remonstré si, en allant a la procession, avoit [...]

 

B II 42-03[...] accoustumé pourter espee et qu’il ne faisoit comme les aultres ?
    Dict que aussy que de sa part il n’en pourtoit poinct.
— Pourquoy il s’accompagna de ceulx qui pourtoient espee, veu qu’il y alloit par devotion, comme il nous a dict ?
    Dict qu’ilz treuvarent ledit Baissey, son petit frere et luy, ou ilz s’assemblerent, comm’ilz avoyent promis.
— Enquis s’ilz n’avoyent pas deliberé quelques insolances, mesmement de y treuver quelques femmes ou filles impudicques pour en faire a leur plaisir ?
    Dict qu’il n’en a point ouyt parler et que, quant a luy, il n’y alloit point a ceste intention, ains pour servyr Dieu et la Vierge Marye.
— Quant ilz furent là, qu’ilz feirent audit Espoisse ?
    Dict qu’ilz allarent a l’église dire leur patenostre et puys allerent boyre et, en buvant, l’ung d’eulx dict qu’il ne seroyt mauvais d’avoir ung petit de feu, pour ce qu’il faisoit froit et qu’il estoit l’heure sur envyron la mynuit. Sur ce, ledit Boyvault dict qu’il en alloit querir et s’adressa a une compaignye de vignerons illec arrivez [...]

 

B II 42-04[...] et estoient alentour d’ung (?) feu. Avec lesquelz il heust quelque debat pour cause duquel ledit petit Boyvault les appella par noms et surnoms, les appellant « Changenet, Baissey et Bertrand ». Lesquelz y accoururent tous avec le filz de Carlin le notaire et le frere d’ung bonnetier du aplais et ung nommé Altheriet et ung aultre jeusne homme (?) qu’il ne congnoist, tous ayantz espee. Lesquelz peu auparavant les estoient venuz treuvé au lieu ou ilz estoient assiz et se reposoient.
– Enquis qu’ilz feirent ausdits vignerons ?
    Dict qu’ilz ne leur feirent rien. Bien est vray que la pluspart de sa compaignye tirarent leur espee. Quoy voyant, lesdits vignerons s’enfuyarent, cryant « Au meurtre ».
— Enquis s’il luy respondant ne desgaigna sa dague comme les aultres feirent leur espee et s’il ne fet leur effort de batre et oultrager lesdits vignerons, jurant la char Dieu et la mort Dieu ?
    Dict qu’il ne desgaigna point sa dague ne qu’il ne feit aulcung [...]

 

B II 42-05[...] effort ny semblant d’en faire, ny ne jura ny ne blasphema le nom de Dieu, disant qu’il n’est coustumier de ce faire.
— Enquis si du moings il ne menassa lesdits vignerons ne disant : « Tue, tue » pour sollicité ses compaignons et annymer (?) et frapper lesdits vignerons ou bien pour leur faire paoeur.
    Dict qu’il n’usa de telz propos, ains estoit bien marry du tumulte qu’il se faisoyt, pour aultant qu’il avoit esté nommé. Et toutesfoys n’estoit cause dudit bruit, ains ledit petit Boyvault qui en fut aucteur et ledit Carlin qu’il desgaigna le premier, faisant le plus grand bruict.
— Enquis s’il n’y heust aultre que ledit Carlin qu’il feist effort ou insolance ?
    Dict qu’il ne veid point d’effort audit Carlin, mais qu’il le veid après ladite noise, il le veid retourner ayant son espee rompue. Et quant a luy, il s’en retourna et retira incontinant ayant apperceu qu’on tiroit des espees, affin de n’estre vehu ny apperceu en ladite meslee et craignant n’en estre reprins.

                                        P. Changenet

 

(1) Commune de Bretenière (cant. Genlis), siège, sur la grand route, d’une chapelle de la Vierge °(et, dans le bois, d’un prieuré de l’ordre de Grandmont).
(2) Dans les autres pièces du procès (comme ici plus loin), le patronyme est « Boivau(lt) ».

 

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